Maison d’enfants J. Wresinski : « Faisons que cette situation extraordinaire devienne ordinaire. »

Depuis le début du mois de mars, les jeunes de la Maison d’enfants Joseph-Wresinski, à Creil (Oise), un des premiers “clusters” de France, vivent dans une situation de semi-confinement, renforcée encore avec les mesures de confinement généralisé depuis le 17 mars. Une situation inédite pour les équipes qui les accompagnent désormais 24h/24 et qui doivent réinventer leur métier. Témoignages.

Voilà déjà trois semaines que les équipes et les jeunes de la Maison d’enfants Joseph Wresinski située à Creil dans l’Oise ont été contraints de réapprendre à vivre ensemble. Celle-ci étant située dans un des premiers foyers de contagion du Coronavirus en France appelés “clusters”, les allées et venues des jeunes ont d’abord été limitées, puis totalement interdites après le confinement décrété le 17 mars dans toute la France.

Brahim Lahnine, directeur adjoint de la Maison d’enfants à caractère social (MECS) témoigne : « Creil a été l’un des premiers clusters de France, car les militaires de la base aérienne située sur la commune ont rapatrié les Français basés en Chine. Certains jeunes qui étaient en stage ou en contrat d’apprentissage ont d’abord continué à aller en entreprise, mais depuis le 17 mars, tout s’est arrêté, mis à part pour deux jeunes qui travaillent dans le bâtiment. Nous nous occupons donc de la vingtaine de jeunes présents sur le site de la MECS 24h sur 24, 7 jours sur 7.
Le matin, nous leur faisons faire le travail donné par les professeurs, via les plateformes numériques de leurs établissements scolaires. Et l’après-midi, nous mettons en place des ateliers plus ludiques autour du théâtre, de la cuisine ou du sport.
Le plus difficile est de ne pas pouvoir sortir prendre l’air en forêt ou dans les parcs comme nous le faisions les premières semaines. On commence à être un peu fatigués, mais pour le moment on tient ! »

“Le sentiment d’enfermement est assez lourd”

« Ça se passe plutôt bien, confirme, Laure, 14 ans, l’une des jeunes accompagnés à la MECS. Mais le sentiment d’enfermement est assez lourd à vivre quand même. Heureusement, les adultes organisent des activités… sinon on aurait déjà pété un câble ! Entre nous, on communique plus que d’habitude, on est plus proche. C’est l’un des points positifs de ce qui nous arrive. Ce qui est difficile à vivre également, c’est de ne pas pouvoir rentrer chez nous pour voir nos familles. En attendant, nous restons en contact par téléphone. »

 

 

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“Je viens tous les jours pour renforcer l’équipe, car certains éducateurs ont dû rester chez eux pour garder leurs enfants, explique Dominique Grassin d’Alphonse, animatrice pastorale, qui intervient habituellement dans l’établissement à temps partiel. A contrario, une formatrice d’une structure d’insertion d’Apprentis d’Auteuil actuellement fermée (Propulse prépa apprentissage) est venue renforcer l’équipe. Il y a une réelle mobilisation des adultes au sein de la fondation. Les jeunes posent beaucoup de questions sur la situation actuelle, le temps que cela va durer, etc. Nous essayons de les rassurer. Dans l’ensemble, ils sont assez calmes. Ils ont très bien compris la gravité de la situation et ils apprécient qu’on soit restés auprès d’eux en cette période si particulière. En tant que chrétienne, venir m’occuper des plus fragiles en ces temps difficiles était une évidence pour moi… même si ce n’est pas toujours compris par mon entourage. ”

« Seuls les salariés de l’établissement sont autorisés à sortir de l’établissement pour rentrer chez eux, ajoute Brahim Lahnine. Nous sommes évidemment vigilants pour bien respecter les gestes barrière. Pour l’instant nous avons suffisamment de masques, de gel hydro-alcoolique pour faire face… Nous prenons la température de tout le monde – jeunes et adultes – deux fois par jour. Personne n’est tombé malade pour le moment. Si les trois premiers jours ont été difficiles, car nous avons dû nous adapter à cette nouvelle situation, nous avons maintenant un ¨rythme de croisière¨. Nous œuvrons pour que cette situation extraordinaire devienne ordinaire. Être dans une forme de routine, ça rassure les jeunes… et les adultes. »