Sur scène, des jeunes de la Maison Bakhita témoignent de leur parcours d’intégration

Mercredi 13 juillet, au petit théâtre de Templeuve dans le Pas-de-Calais, 12 mineurs non accompagnés de la Maison d’enfants Bakhita de Lens partageaient, avec des inconnus en face d’eux, leur parcours d’intégration en France. Fruit d’un travail de plusieurs mois, cette représentation intitulée « Tous en scène » a été l’occasion pour eux de porter des messages qui leur tenaient à cœur.

Au sein de la Maison Bakhita, les jeunes résidents sont accompagnés pour développer leur autonomie et acquérir les outils pour s’insérer durablement dans la société. L’objectif de ce projet était d’accompagner les jeunes dans une démarche artistique valorisante par le biais du théâtre, en travaillant sur des ateliers d’expression et de prise de confiance en eux-mêmes. Le tout en français !

« Suite à leur enthousiasme, nous avons décidé d’étendre ce projet à une découverte plus approfondie de l’art de la scène, en les encourageant à rédiger eux-mêmes, en français, leur discours. Ils étaient libres d’aborder les sujets qui les intéressaient, il n’y a pas eu de censure dans le choix des mots et des thèmes », explique Kimberley Blondel, éducatrice spécialisée à la Maison Bakhita. Deux comédiens de la Compagnie La Belle Histoire, Julie Laude et Gregory Allaeys, ont animé les ateliers de février à juillet.

Dans leurs discours, les jeunes ont choisi de porter des messages forts : récit de leur intégration en France, peur de la mort pendant leur traversée, soif de justice sociale, incompréhension face aux drames humains…

Paroles de jeunes : l’importance de s’exprimer la voix haute

« C’était génial ! Je me sentais bien avec le groupe. J’ai appris à parler devant un public, ce qui n’est pas facile du tout ! Ma voix tremblait et je perdais mes mots à cause du stress pendant les répétitions. Mais l’équipe m’a beaucoup aidé à prendre confiance en moi », confie Saiba.

Abdel, réticent à l’écriture au début et qui s’exprimait en dessinant, explique : « Julie, Greg et Kimberley m’ont encouragé à ne pas avoir peur de partager mon vécu. C’était un peu dur à cause de la barrière de la langue, mais je suis prêt à partager mon histoire. »

Accompagner et suivre l’évolution des jeunes au quotidien

Timothée Maurice, directeur de la Maison, s’exprime sur l’évolution qu’il observe chez les jeunes : « Grâce à notre accompagnement au quotidien, nous observons de réels progrès dans différents aspects de leur vie : ils prennent confiance en eux et s’expriment plus aisément. A travers ce projet qu’ils ont mené jusqu’au bout, j’ai été agréablement surpris par leur détermination et leur implication. Nous sommes tous très fiers d’eux. »

Pour Sylvie Guyot, responsable de l’aide sociale à l’enfance au service MNA dans le département du Pas-de-Calais, il est important de connaitre le parcours de chaque jeune. Elle ajoute avoir été touchée par les discours : « c’était un moment de sincérité et d’émotions intense ».

Ce projet a été réalisé avec le soutien de la Fondation Foujita et la Fondation Casino.

La Maison d’enfants Bakhita accueille et accompagne des mineurs non accompagnés âgés de 16 à 18 ans, orientés par le Conseil Départemental du Pas-de-Calais. Une équipe de professionnels les aide dans leur intégration à travers différents axes de travail : cours de français, maraudes bénévoles, activités manuelles, ateliers d’expression et de citoyenneté…