Le réveil a sonné tôt ce samedi 12 octobre. Certaines ont pris soin de se maquiller, d’autres au saut du lit n’ont pas eu le temps de se coiffer… Mais toutes et tous sont au rendez-vous à l’entrée du petit village de Heilly dans la Somme pour la démarche pèlerine. Après un café et un petit en-cas, chaque groupe se retrouve autour du portrait du nom de son établissement : Marcel Callo, Mère Teresa, Joseph Wresinski… Frédéric Marseille, directeur de la Maison d’enfants Marcel Callo, ainsi que Violaine Plagnol, animatrice en pastorale, accueillent les participants. Cette journée se déroule sous le signe de l’écologie intégrale : s’émerveiller devant la beauté de la nature, profiter du cadre naturel pour rencontrer les autres mais aussi protéger la nature en triant les déchets et en évitant les gobelets jetables en plastique !
Prendre la route
Mais qu’est-ce donc qu’une démarche pèlerine ? Pascal Francisco, coordinateur en pastorale de la région Nord-Est de la Fondation Apprentis d’Auteuil, explique l’esprit de cette démarche aux participants réunis dans une vaste prairie : « Une démarche pèlerine consiste à prendre la route, seul ou en groupe, vers une destination choisie, et, chemin faisant, à méditer sur un sujet. Un jour prochain nous pourrions, par exemple, choisir de marcher vers la Tour Eiffel tout en méditant sur la paix. Quand l’invitation à prendre la route, à emprunter un chemin, est adressée à un groupe spécifique de croyants, nous parlons de pèlerinage. Quand elle est adressée à tous, croyants ou non croyants, chrétiens ou non chrétiens, nous parlons de démarche pèlerine. »
L’émerveillement démarre autour d’un feu allumé par les scouts. A la lumière de ce feu, Marc-Henri Jeoffre, aumônier de la région Nord-Est, lit l’Evangile des pèlerins d’Emmaüs. Puis la marche est lancée. C’est parti pour près de 12 kilomètres. Destination la basilique d’Albert. Le beau temps est au rendez-vous. Petit arrêt pour caresser les chevaux qui regardent passer la longue file des marcheurs. Warren, 12 ans, de la mecs Mère Teresa : « On a vu des biches traverser un champ ! ». Un lièvre aussi a détalé sous le feu des chasseurs. Durant trois heures, la nature s’offre à nos yeux. A travers les bois et les champs de maïs, les discussions vont bon train. « J’ai beaucoup aimé la marche, témoigne un jeune indien MNA de la mecs Mère Teresa. On parlait, avec d’autres jeunes et les éducs aussi. Y’avait pas de réseau donc on a pu se connecter entre nous ! La seule chose, c’est que j’ai sali mes chaussures blanches ! »
Océane, jeune de 16 ans de la mecs Joseph Wresinski de Creil, elle, a préféré marcher seule, avec sa musique dans les oreilles. « Moi qui suis très speed, j’ai pu me poser et me retrouver face à moi-même. »
S’ouvrir à l’autre
Puis, au sommet d’une petite butte, la statue dorée dressée au faite de la basilique surgit. La marche touche à sa fin ! La fatigue commence à se faire sentir. Les jambes sont lourdes. En arrivant à Albert, les marcheurs se recueillent dans l’église devant la statue de Notre Dame de Brébières puis se dirigent vers le collège Charles de Foucauld pour le pique-nique tant attendu. Océane et Angélika chantent de leurs voies cristallines et généreuses. Et c’est le temps de jouer. Les organisateurs ont préparé des jeux coopératifs sur le thème des ambulanciers durant la Grande Guerre 14-18, conflit qui a particulièrement affectée la ville d’Albert. Les jeunes se font le temps d’un instant ambulanciers, infirmières, blessés, médecins… L’entraide et la solidarité se déploient.
Après le sport et le jeu, la culture ! Tout le monde est invité à visiter la basilique d’Albert. Le guide nous raconte l’histoire de la ville et de cet édifice. Puis place aux chants et à la musique avant la célébration de la messe.
« Moi, ce que j’ai préféré c’est la messe, témoigne Glawdys de la mecs Mère Teresa. Je me suis concentrée sur les paroles des textes et des chants, j’en avais les larmes aux yeux. » L’aumônier a donné à l’assemblée un bel éclairage sur l’Evangile des pèlerins d’Emmaüs. A leur image, nous avons tous eu de grands espoirs trahis par de grandes déceptions. Mais sur notre route, nous rencontrons des personnes qui nous écoutent, nous aident, nous encouragent. Tout comme nous aussi, nous pouvons écouter, aider, encourager ceux et celles qui en ont besoin et que nous croisons sur le chemin de notre vie. « C ’est la première fois que je voyais comment ça se passe dans une autre religion. Cette découverte m’a beaucoup plu. » explique Mamadou*, jeune guinéen musulman de 16 ans du sava d’Agnetz.
« C’était magnifique ! ajoute Sangaré Siaka de la mecs Joseph Wresinski de Creil. J’ai rencontré de nouveaux amis. Le jeu où on sauvait des gens, c’était magnifique aussi ! Moi qui suis musulman, c’est la première fois que j’assistais à une messe. J’ai retenu le chant « Je suis dans la joie » ». Un jeune de religion sikh, a préféré pour sa part aller boire un coca pendant la messe.
Les éducateurs aussi étaient contents de voir les jeunes sous un autre jour, et étaient heureux de partager ce moment.
Et Océane de conclure : « C’était super enrichissant, ça nous sort de notre environnement habituel et nous permet de faire des rencontres, de découvrir autre chose. J’ai bien aimé aussi la messe, même si ce n’est pas ma croyance. Moi je dis : à refaire ! »
Merci aux scouts… mais aussi…
Un grand merci tout particulier aux Scouts et Guides de France de Grandvilliers, à la paroisse d’Albert qui nous a accueilli, à toute l’équipe de préparation interne Apprentis d’Auteuil, et tous nos partenaires et amis qui nous ont soutenu, prêté du matériel et accompagné dans cette marche !
Ont participé :
Mecs Béthanie de Grandvilliers, François Libermann d’Amiens, Pierre Carpentier d’Abbeville, Joseph Wresinski de Creil, Mère Teresa de Clermont ; Sava de Nogent et d’Agnetz ; Maison des familles de Montdidier et d’Amiens ; Collège Marcel Callo de Nogent ; Ecole Immaculée Conception de Gaudechart.
*Pour préserver l’anonymat de certains jeunes, les prénoms ont été modifiés.